
Du grand Ramon, la surprise grecque AJ Ginnis
04/02/2023
L'histoire folle du Kandahar 2023 !
Le résumé, les réactions...
Quelle journée !
Véritable succès populaire avec du spectacle, du soleil, des supporters français et suisses venus en force, cette première édition payante du Kandahar a aussi tenu toutes ses promesses sur le plan sportif avec un suspens haletant et des surprises de taille !
Difficile de faire des pronostics comme l’expliquait Clément lui-même « Il y a eu quatre vainqueurs différents cet hiver. Henrik (Kristoffersen) a déjà gagné ici, Daniel (Yule) était en position de gagner en 2020 et Loïc Meillard a gagné le parallèle sur cette piste. » Pour autant on pouvait s’attendre à des surprises puisque la Verte des Houches s’est montrée sous un nouveau relief avec une rampe de lancement et des mouvements de terrain tel que crête et passage de route qui permettent de challenger les skieurs.
« Cette piste permet d’avoir un tracé joueur avec de la vitesse, de pousser le ski » déclarait Clément Noël venu s’entrainer la semaine dernière sur la piste pour faire le plein de sensations et pour peaufiner ses tests de matériels. Prendre une figure à l’endroit ou à l’envers tel était le dilemme de la première manche avec une option envers prise par Clément. Un choix gagnant puisqu’il a signé le meilleur temps du premier tracé piqueté par l’américain Matic Skube.
Cependant pas d’écart conséquent puisque le champion olympique devançait les suisses Ramon Zenhaeusern et Daniel Yule de 15 et 17 centièmes. En embuscade les 3 norvégiens Henrik Kristoffersen 4ème à 0''40, Sebastian Foss-Solevaag 5ème (+0''58) et Atle Lie Mcgrath 6ème (+0''61). Hormis Manuel Feller, dossard 6 qui finit 22e à 1''65, le dénouement semblait déjà écrit.
Et pourtant une histoire un peu folle s’est écrite aujourd’hui. Alors qu’hier Chamonix lançait le centenaire des JO et que Paris 2024 était dans sa tournée des drapeaux, c’est un grec qui vient décrocher la 2ème place avec un dossard 45.
Seul Ramon que ses entraineurs annonçaient très en forme, déjà 2ème à Schladming, réussit un retour gagnant après 3 ans sans victoire.
Le grec, un peu chez lui tout de même puisqu’entrainé par un « enfant de la vallée » Gabriel Coulet, vient donc déjouer toutes les statistiques avec sa petite structure de 3 personnes, tous « des potes d’université du Vermont ». Son parcours semé d’embuches et de blessures (6 opérations du genou) est porté par une motivation sans faille et une organisation sur mesure. Moins structurée que l’équipe américaine dont il a fait partie, cette organisation est néanmoins plus adaptée à son parcours atypique.
Quant à Daniel Yule, il a montré son état de forme sur une piste qui ne lui convenait pas particulièrement en faisant preuve d’intelligence sur ce tracé aux multiples pièges imaginés par l’autrichien Martin Kroisleintner.
Ramon Zenhaeusern (SUI), vainqueur :
" C’est tellement beau de gagner ici ! Les secondes manches, ce n’est jamais facile… Je savais que là il fallait être malin surtout à certains endroits car le tracé tournait beaucoup. J’ai perdu de la vitesse mais finalement j’ai plutôt bien géré. Quand j’ai passé la ligne et que j’ai vu du vert, après 2 ans sans victoire, j’ai été pris par une vague d’émotions… et du coup j’ai lancé mes bâtons avec tellement d’intensité et de hauteur ! J’étais trop content, c’est ma première victoire depuis 2020 ! Le chemin a été long, mais avec un objectif précis, pas à pas, avec beaucoup de travail et d’acharnement, ça finit par payer. Cette nouvelle victoire, avec ces montagnes en fond, tous ces fans venus en nombre car la Suisse est proche et avec Daniel en plus sur le podium, c’est fort. On se sent bien ici ! Aujourd’hui, je remercie toute mon équipe et mon équipementier Rossignol qui a toujours cru en moi malgré l’absence de résultat. Je vais savourer cette belle victoire et ne pas trop penser aux Mondiaux, chaque course est une nouvelle page à écrire."
A.J. Ginnis (GRE), 2ème :
"Pour la première manche les coachs m’ont dit "il faut que tu arrives en bas et que tu rentres dans les points" car c’était important pour ma participation aux championnats du monde. Mais lors de la reconnaissance de la seconde manche, quand j’ai vu le tracé j’ai dit ouh ! Cela est parfait pour moi et du coup le plan était d’attaquer sans faire de faute et d’aller au finish évidemment. Ensuite c’était dingue ! En arrivant j’ai vu que j’avais pas mal d’avance devant de très bons skieurs, je n’en revenais pas ! En fait j’étais assis sur cette chaise de leader, je voyais arriver mes concurrents derrière moi je me disais mais c’est fou, qu’est ce qui arrive ? ! Quand Daniel (Yule) arrive et est 4 centièmes derrière moi, je me dis oh mon dieu c'est pas possible. C’est mon rêve qui se réalise, c’est mon rêve qui se réalise ENFIN ! J’ai grandi en Grèce, mon père était un dingue de ski, on avait un petit chalet à Mont Parnassos et on allait skier les weekends jusqu’à ce qu’on parte en Autriche quand j’avais 12 ans ! Parfois on riait en disant "t’imagines si un jour je fais un podium en coupe du monde" ! Et c’est là, c’est juste incroyable ! Malgré toute mes déconvenues, mes blessures j’ai toujours eu mon team, ma famille, mes sponsors qui ont cru en moi et qui m’ont permis de continuer. Et ce podium ici c’est encore plus dingue, on disait hier avec mon coach (Gabriel Coulet ex coureur chamoniard) t’imagines gagner ici à la maison… Je crois qu’il est largement aussi content que moi et va fêter ce podium avec tout le monde ici !!!"
Daniel Yule (SUI), 3ème :
" C’est une belle satisfaction d’autant plus sur un terrain comme ça. On ne dirait pas que c’est une piste dessinée pour moi alors je suis content de décrocher un podium même si les 4 centièmes derrière A.J. sont un peu frustrants mais Ramon aujourd’hui était intouchable. Je me satisfais juste de cette 3ème place. J’ai l’impression que je deviens de plus en plus complet. Si la neige est dure, je suis souvent dans le coup, comme aujourd’hui. C’est une belle récompense de tout le travail qu’on a fait ses dernières années avec l'ensemble de l’équipe ! "
Clément Noël (FRA) :
"A chaud c’est un peu difficile à accepter... Je passe de tout à rien. J’étais dans le match avec le public français qui était à fond et me soutenait. Je m’élançais en dernier, il y avait beaucoup d’attente et je suis vraiment déçu que ça se termine comme ça. J’ai fait une erreur technique après la banane qui ralentit beaucoup, j’ai voulu recréer de la vitesse en accélérant mais avec précipitation et en oubliant les fondamentaux d’équilibre. Ce qui me console de cette journée c’est la deuxième place de A.J., c’est un bon copain, il s’est entrainé avec nous la semaine dernière, c’est un garçon extrêmement gentil, très très respectueux et qui a un parcours compliqué. Il a créé sa carrière, il s’est construit de son côté avec sa structure tout en restant toujours ouvert aux autres, c’est un mec que j’adore et je suis vraiment content de le voir sur le podium."
Le mot de Fred Comte, directeur du Club des Sports de Chamonix :
"Tout était parfait. On a eu de la chance avec la météo, on a fait une piste exceptionnelle dixit les coureurs et les coaches, on le voit d’ailleurs avec le dossard 45 qui finit sur le podium. C’est notre premier boulot, assurer une piste de qualité. On a créé des mouvements de terrain sur cette piste, assez nombreux, un peu novateurs même avec cette fameuse arrête en diagonale, tout le monde a adoré, ça rajoute un petit peu de vie dans les manches de slalom, ça permet aux coureurs de s’exprimer.
Ensuite le public était au rendez-vous, il y avait une folle ambiance. On peut dire que c’est une marque de fabrique dans la vallée de Chamonix Mont-Blanc maintenant, c’est un public de connaisseurs, les gens qui viennent aiment le ski, il y a aussi beaucoup de valaisans et quelques italiens, c’est une vraie communauté fan de ski qui se déplace. C’est parfait, et ça aurait pu l’être encore plus si Clément était monté sur le podium... Mais après c’est le slalom, c’est le ski, c’est le sport donc on l’accepte. Bravo à l’équipe suisse qui revenait très fort et bravo à A.J. Ginnis notre ami grec qui a pu s’entrainer la semaine dernière avec l’équipe de France sur cette piste et voilà ça a marché.
Deux mots sur l’année prochaine, on est au calendrier les 3 et 4 février prochains. On va à la fois marquer le 1er centenaire des Jeux Olympiques de 1924 dans la vallée et ce sera aussi 100 ans jour pour jour après la création de la FIS à Chamonix. 2 courses sont au programme, on est en train de travailler avec la FIS pour affiner le programme et aujourd’hui on a clairement demandé à avoir une descente et un slalom. On espère être écouté. Tout le monde a hâte de retrouver une descente sur la Verte des Houches."
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